Didier BONTEMPS | Le dossier Ronsillac
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Le dossier Ronsillac

RonsillacLe dossier Ronsillac, Didier BONTEMPS (scénario et dessin), éditions roymodus, © septembre 2013, ISBN 9782363630131.

C’est Ana qui a parlé de moi à Marguerite Ronsillac pour ce petit boulot. Il est vrai que l’état actuel de mes finances ne me permettait pas de refuser de restaurer cet album photos. Un gros pavé de deux cents pages, mais qui ne contenait en fait que vingt-deux tirages papier ! Pas de quoi me renflouer, d’autant que l’assassinat de la vieille dame met désormais un terme à notre accord commercial… Tout aurait pu s ‘arrêter là, si l’une des photos ne reliait Marguerite à la prestigieuse famille des van Basteren, des marchands d’art(mes) influents pendant toute la première moitié du XXe xiècle. Le job qui m’avait été confié ressemblait décidément plus à un travail de restauration du passé qu’à celui d’un infographiste… C’était il y a tout juste quinze jours…

« Je l’ai attendu et même réclamé plusieurs fois en librairie ce dossier Ronsillac de Didier Bontemps. Cette fois, j’ai pu l’acheter à la FNAC (Il n’y en a pas chez Gibert). Mon impatience était justifiée car après une première lecture hâtive surtout des dessins, une seconde voire une troisième lecture lente étaient nécessaires à cause de la densité (pour ne pas dire de la richesse) de l’œuvre. C’en est une. Didier, scénariste et dessinateur, se fait un style. Non ! Ce n’est pas du Tardy. La ligne est plus courbe, plus ponctuée, plus penchée[1]. On se dépêche de reconnaître Paris (le Train bleu de la gare de Lyon, le Louvre…), Vézelay de Zervos, La Goulotte du fils de Queneau, Bruges la Venise belge, Clamecy (le bon hôtel de la Poste et l’église en béton friable Bethléem de l’architecte Renaud), la vallée de l’Ouche où passe et parfois déraille le train de Paris. On pourrait faire un Dijon vu par Didier Bontemps : Notre Dame, les allées du Parc, la Place Darcy, la copie de l’ours Pompon, la place du Breuzaï, la rue de Longvic avec le FRAC, la rue des Godrans, l’Eldorado (art déco), la place Suquet, la prison sans filet, St Michel, la rue de la Lib, le marché et ses halles Ballard, la mairie et sa tour de Bar, la rue Sévigné et peut être la rue Magenta ou celle du Dc Lavalle, la place Jean Macé et la rue des Rotondes : l’ancienne usine et le 23 où habite une ancienne technicienne de surface portugaise de l’école Chevreul dont la fille avait tapé dans l’œil de notre fils (c’est vieux tout cela). On reconnaît le sympathique et serviable collègue barbu de Dominique à la Nef. On tente, après la reconnaissance des environnements et des gens, de dater les événements avec le bus Divia n° 6 vers la Toison d’Or (ex ligne STRD n°1 dont le terminus était Talant) et avec le Fixin 95 ( > 1996). Nous sommes en pays connu(s). Mais il faut une deuxième lecture pour mesurer les subtilités du scénario et apprécier la substantifique mœlle. L’histoire est originale. Les ellipses et les retours en arrière[2] font le suspens que les protagonistes résolvent en dialoguant. Les personnages sont nombreux. Ils sont dix-huit à s’agiter autour de Phil Cargo dont on ne doute pas qu’on le retrouvera avec le triste Boomann dans d’autres enquêtes consacrées à l’histoire de l’art. Didier a démarré une série où nous pourrons à nouveau rencontrer Perret, Jeanneret, Picasso, Domela, Lurçat, Kirchner et d’autres grands artistes au milieu d’une fiction plus vraie que l’affaire Daniel Wildenstein. Et puis, il y a quelques pointes d’humour : « remettre le couvert, se mettre à table, Tafoly… ». A la troisième lecture, après vous être dit que ça méritait une dédicace et que l’onirique fait une fiction dans la fiction, que la neige a bien été abondante cette année là, que vol et viol riment trop souvent, que le briquet des ducs de Bourgogne est bien énigmatique (je ne connaissais pas cet insolite symbole depuis le XVe siècle sur le collier de la Toison d’Or et les monnaies bourguignonnes, emblème de forme incertaine, non ?) et que les affichages méritent une analyse (Vogue, Malevitch, Delaunay, etc.). En attendant, encore, et en tout cas, moi j’ai sincèrement aimé. »

F.T. 2013

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